Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
386
[1205] de la conqueste

la ville fut abbatuë et desmolie, les murs et les tours razées, les palais et les belles maisons reduites en cendre. Telle fut la fin de l’ancienne ville de Philippople, l’une des trois meilleures de tout l’empire d’Orient.

210. Tandis que ces choses se passent en ces quartiers là, et que Renier de Trit est renfermé dans Stenimac, Henry frere de l’empereur Baudoüin, ayant sejourné à Pamphyle jusqu’à l’entrée de l’hyver, se resolut, aprés avoir pris sur ce conseil de ses barons, de fortifier et de munir la ville de Rusium, située en l’un des meilleurs et plus fertiles endroits de cette contrée, et d’y envoyer une garnison, de laquelle il donna la charge à Thierry de Los seneschal, et à Thierry de Tenremonde contestable de Romanie, avec environ sept vingt chevaliers et un bon nombre de chevaux-legers, leur enjoignant de faire la guerre aux Grecs et au pays d’alentour ; et luy avec le reste de son armée s’en alla jusques à la ville de Visoï, qu’il garnit pareillement de gens de guerre, et y laissa pour capitaine Anseau de Caieu, avec six vingt chevaliers et quelques chevaux-legers. Les Venitiens mirent une garnison de leur part dans Arcadiople ; et le Regent rendit, la ville d’Apre à Branas, qui avoit espousé la sœur du roy de France, et estoit un grand seigneur, qui seul d’entre tous les Grecs tenoit le party des François. Tous ceux qui furent laissez dans ces villes firent fortement la guerre aux Grecs, et plusieurs courses sur eux, comme de leur costé les Grecs en firent sur les nostres. Cela fait, Henry s’en retourna à Constantinople avec le surplus de ses trouppes. Jean roy de Valachie et de Bulgarie ne s’endormit pas aussi,