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[1206] de la conqueste

et se voyant riche et puissant, leva grand nombre de Comains et de Valaches ; et environ trois semaines devant Noël, les envoya dans les terres de l’Empire pour secourir ceux d’Andrinople et de Didymotique, lesquels, quand ils se virent ainsi renforcez, se mirent plus hardiment en campagne.

211. [An 1206.] D’autre part, Thierry de Tenremonde contestable de Romanie, qui commandoit dans Rusium[1], fit une course dans le pays avec environ six vingt chevaliers, laissant sa place mal garnie, et chemina toute la nuit, tant qu’au point du jour il se trouva à une bourgade où les Comains et les Valaches estoient logez : il les surprit, et en tua bon nombre, mesme emmena onze de leurs chevaux, sans que ceux du bourg en eussent avis ; puis rebroussa chemin d’où il estoit venu. Il arriva que cette nuit mesme les Comains et les Valaches s’estoient mis en campagne, au nombre d’environ sept mil chevaux, pour faire quelque ravage dans les terres de leurs ennemis, et se trouvérent sur le matin devant Rusium, où ils se tinrent quelque temps. Et comme ceux de la ville virent qu’ils avoient peu de monde pour la defendre, ils fermérent les portes, et montérent sur la muraille : ce que les autres ayans apperceu, ils deslogérent. Mais à peine ils eurent fait une lieue et demie, qu’ils firent rencontre des François que Thierry de Tenremonde conduisoit.

212. Si tost que les nostres les descouvrirent, ils se rangérent en quatre escadrons, avec dessein de se re-

  1. Rusium, ville voisine de Rodosto. Les villes de Pamphile et d’Apre étoient à peu de distance de cette dernière ville.