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[1206] de la conqueste

et encores un bon espace de temps aprés Pasques, rebroussa chemin, et vint vers Andrinople et Didymotique, proposant et ayant dessein de les traiter comme il avoit fait les autres. Mais quand les Grecs qui estoient avec luy s’apperçûrent qu’il prenoit cette route, ils commencérent à se desrober secrettement jour et nuit, au nombre de vingt ensemble, trente, quarante, et cent. A son arrivée il fit sommer les habitans de le recevoir, et de le laiser entrer en leurs villes comme il avoit fait és autres ; ce qu’ils refusérent absolument luy disant : « Sire, quand nous nous rendismes à vous, et nous nous revoltâmes contre les François, vous nous promites et jurastes de nous conserver de bonne foy et garder sains et sauves, ce que vous n’avez fait ; mais au contraire vous avez ruiné et destruit toutes les terres de l’Empire, et ne doutons pas que vostre dessein ne soit de nous traiter de la mesme façon que vous avez fait les autres. » Sur ce refus et cette response, le Bulgare mit le siege devant Didymotique, et y fit dresser à l’entour seize grandes perriéres pour la battre, faisant fabriquer de toute sortes d’autres machines de guerre pour la prendre ; et cependant il ruina et gasta tout le pays d’alentour.

223. Les Grecs de dedans et ceux d’Andrinople, voyans la resolution du Bulgare, envoiérent promptement à Constantinople pour donner avis à Henry regent de l’Empire et à Branas du siege de Didymotique, et pour les prier au nom de Dieu de les vouloir secourir. Sur cette nouvelle ceux de Constantinople prirent resolution de secourir Didymotique, bien qu’il y en eut assez de contraire avis, lesquels ne