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[1206] de la conqueste

quels gens c’estoient ; dont il ne faut pas s’estonner, dautant qu’il y avoit long temps qu’il n’avoit eu de leurs nouvelles, et croyoit que ce fussent Grecs qui le venoient assieger. Le mareschal envoya devant des Turcoples et des arbalestriers à cheval pour descouvrir l’estat de la place, ne sachans si ceux de dedans estoient morts ou vifs, s’estant passé un tres-long temps sans avoir appris ce qu’ils estoient devenus. Estans approchez prés du chasteau, Renier de Trit et ses gens les reconnurent, et sortirent à l’instant de la place allans à la rencontre de leurs amis, et s’entre-saluans avec tous les témoignages de réjoüyssance que l’on peut assez concevoir. Les barons prirent leurs logemens dans la ville qui estoit au pied du chasteau, d’où on l’avoit tenu assiegé.

230. Ce fut là que les barons demandérent des nouvelles de l’empereur Baudoüin, disans qu’ils avoient plusieurs fois oüy dire qu’il estoit mort en la prison de Jean roy de Bulgarie, ce qu’ils ne pouvoient croire : mais Renier de Trit les ayant asseuré que veritablement il estoit mort[1] ils n’en doutérent plus, plu-

  1. Les ayant asseuré que veritablement il estoit mort. Albéric, historien contemporain, donne ainsi qu’il suit les détails de la mort de Baudouin, à Ternove, capitale de la Mysie :

    Hic ergo ita captus cum sociis apud Ternoam fuit incarceratus : unde de morte hujus Balduini, non affirmando, sed simpliciter quod a quodam presbytero flandresi dicitur, qui per civitatem Ternoam de Constantinopoli repatriando iter habuit, hæc retulit : Quod uxor Johan nici, dum ille alias intendit, misit Imperatori ad carcerem verba suasoria, dicens quod si eam in uxorem ducere, et Constantinopolim vellet secum adducere, ipsum in instanti liberaret a carcere et captivitate. Quæ promissa dum fuissent ab Imperatore repudiata, et pro nihilo computata, illa apud maritum usa est novâ querimoniâ, dicens