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[1206] de la conqueste

sieurs sur cette certitude renouvellans leurs plaintes et leur douleur, qui estoit neantmoins sans remede. Le lendemain matin ils partirent, abandonnans le chasteau de Stenimac, et le troisiéme jour arrivérent au camp, où le prince Henry les attendoit prés du chasteau de Moniac, qui est assis sur la riviére d’Arte, et où il estoit logé. Il n’y eut personne de l’armée qui ne témoignant beaucoup de joye de la delivrance de Renier de Trit aprés une si longue prison ; et ceux qui l’allérent tirer dehors en reçeurent la loüange que méritoit une si belle et si perilleuse entreprise.

231. Là dessus les barons s’assemblérent, et resolurent de retourner à Constantinople pour y faire couronner empereur le prince Henry : et laissérent en ces quartiers-là Branas avec tous les Grecs du pays, et quarante chevaliers que le Regent lui laissa par forme de renfort. Cependant Henry et les autres barons se mirent en chemin et arrivérent à Constantinople, où ils furent tres-bien venus : puis ils couronnérent empereur Henry frere de l’empereur Baudoüin avec toute la magnificence et réjoüyssance imaginable en l’église de Saincte Sophie le dimanche d’aprés la Nostre-Dame de la my-aoust, l’an de l’incarnation de nostre Seigneur mil deux cens et six. Vers ce mesme temps, et incontinent aprés ce couronnement, le Bulgare ayant eu avis que Branas avoit pris possession d’Andrinople et de Didymotique, amassa en diligence le plus grand nombre de gens qu’il pût, et marcha droit à Didymotique, qu’il emporta d’emblée, Branas n’ayant encore fait reparer les bréches qui y avoient esté faites par le Bulgare, ny d’ailleurs muny la place comme il falloit. L’ayant