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[1207] de la conqueste

et fit tant qu’il accorda de rendre les deux forts de Squise et de Sainte Sophie à Lascaris pour les démollir. La tréve fut ainsi concluë, ces places razées, et Thierry de Los et autres prisonniers renvoyez.

251. Ce fait, l’empereur Henry retourna à Constantinople, et à l’instant reprit le dessein de s’acheminer vers Andrenople avec le plus de trouppes qu’il pourroit. Ayant assemblé son armée à Selyvrée, il la fit marcher sur la fin du mois de juin vers Andrinople, où estant arrivé il se campa dans les prairies devant la ville, ceux de dedans, qui avoient singuliérement souhaitté son arrivée, estans sortis au devant de luy en procession, et l’ayans receu avec toutes les demonstrations de bonne volonté. Il ne s’y arresta qu’un jour, pour voir le dommage que le Bulgare avoit fait par ses mines et batteries aux tours et aux murailles, et qui avoit beaucoup affoibly la place. Le lendemain il en partit, et tira du costé des terres du roy de Bulgarie l’espace de quatre jours. Le cinquiéme il arriva au pied du mont Hemus[1], à une ville appellée Euloï, que ce roy avoit peuplée depuis peu, dont les habitans, d’abord qu’ils apperceurent les nostres, s’enfuirent dans les montagnes, et abandonnérent leur ville.

252. L’Empereur campa devant cette place, et envoya une partie de ses gens pour faire des courses dans le pays, d’où ils enlevérent grand nombre de bœufs, vaches, bufles, et autre bestail : et ceux d’Andrenople, qui avoient amené quant et eux leurs chariots à vuide, et qui avoient grande disette de vivres,

  1. Le mont Hemus séparoit la Thrace de la Mysie en Bulgarie.