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décadence

capitale du monde un spectacle aussi magnifique que nouveau, il pria le Pape de le couronner. Honorius s’y refusa d’abord, et fit observer à l’Empereur que cet honneur appartenoit au patriarche de Constantinople. Cette excuse n’étoit qu’un prétexte : le Pape, qui croyoit que le nouvel Empire s’affermiroit, qui connoissoit la valeur et l’ambition des Français, et qui se figuroit que, par la suite, un de leurs princes pourroit reprendre les vastes projets de Justinien, et envoyer contre Rome un autre Bélisaire, ne vouloit pas, en couronnant Courtenay, consacrer en quelque sorte les droits des empereurs d’Orient sur Rome et sur l’Italie. Cependant les instances de Pierre vainquirent sa répugnance : il lui donna cette satisfaction à laquelle il attachoit tant de prix ; mais, voulant prévenir les inconvéniens qu’il craignoit pour ses successeurs, il décida que le couronnement aurait lieu hors des murs de Rome, dans l’église de Saint-Laurent. La magnificence de la cérémonie suffisoit pour contenter l’Empereur et l’Impératrice : ils ne parurent attacher aucune importance aux précautions prises par le Pape.

Guillaume de Montferrat issu du premier mariage de Boniface de Montferrat, que nous avons vu roi de Thessalonique, crut devoir assister au couronnement. Le Pape le chargea de la garde de son jeune frère Démétrius, et le déclara protecteur de la régente Marguerite de Hongrie sa belle-mère.

Les Vénitiens, dont la flotte devoit transporter les troupes françaises dans la Grèce, profitant de l’embarras de l’Empereur, qui avoit déjà dépensé en profusions une grande partie des sommes qu’il avoit apportées de France, lui firent une proposition sem-