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de l’empire latin.

blable à celle que le doge Henri Dandolo avoit déjà faite aux Croisés avant la conquête de Constantinople. Durazzo, place importante qui leur appartenoit, étoit tombée au pouvoir de Théodore, despote d’Épire. Ils exigèrent de l’Empereur qu’il les aidât à la reprendre, avant de se rendre dans ses États. Il y consentit volontiers. croyant que cette expédition seroit aussi facile que l’avoit été celle de Zara, et persuadé qu’il seroit encore mieux reçu par ses sujets, s’il se présentoit à eux après avoir remporté une victoire.

Arrivé à Brindes où l’embarquement devoit se faire, il ne voulut pas que l’Impératrice, qui étoit enceinte, et les jeunes princesses ses filles partageassent les dangers du siége de Durazzo. Elles partirent avant que la grande expédition fût prête à mettre en mer, et firent voile directement vers Constantinople.

Quelque temps après, l’Empereur et le cardinal Colonne, légat du Pape, s’embarquèrent avec l’armée française, renforcée par un assez grand nombre de troupes vénitiennes. La flotte arriva fort heureusement à Durazzo. Cette place très-forte ayant refusé de capituler, on en fit le siège dans les formes. Mais si l’attaque fut impétueuse, la résistance fut encore plus vive. Théodore avoit assujetti ses troupes à la discipline française, et elles étoient devenues très-bonnes, surtout pour la défense des places. Il y eut plusieurs assauts et plusieurs sorties dont les détails ne sont point parvenus jusqu’à nous. Mais les Français ayant eu presque toujours le dessous, leur armée étant diminuée, et les vivres commençant à leur manquer, l’Empereur se vit dans la douloureuse nécessité de lever le siège. Une ressource s’offroit encore à lui : il pou-