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décadence

de venger l’outrage fait à une tête couronnée et au Saint-Siége. En effet, de grands armemens se préparoient en France et en Italie : les Vénitiens équipoient une flotte formidable ; Robert de Courtenay, grand bouteiller de France, frère de Pierre, et le jeune prince du même nom, fils puîné de l’Empereur, levoient des troupes, et devoient se mettre à la tête de l’expédition. Théodore, effrayé de ces préparatifs, prit le parti de renouer avec le Pape des négociations depuis quelque temps rompues, feignit de se soumettre à tout ce que désiroit le pontife, mit en liberté le cardinal Colonne, qui prit aussitôt le chemin de Constantinople, et fit annoncer par ses ambassadeurs que l’Empereur étoit mort dans sa prison. Il est possible que le chagrin ait fait périr Courtenay, qui, du faîte de tant de grandeurs, s’étoit vu plonger dans une captivité dont il ne pouvoit prévoir le terme ; il est possible aussi que le perfide Théodore ait avancé ses jours : l’histoire ne donne aucun détail à cet égard. Quoi qu’il en soit, le courroux du Pape contre le despote parut se calmer aussitôt que le légat eut été mis en liberté ; les Vénitiens et les Français, ayant à leur tête les deux Robert de Courtenay, alloient s’embarquer : Honorius menaça de les excommunier s’ils poursuivoient cette entreprise.

La présence du cardinal Colonne renouvela les douleurs de l’Impératrice ; il lui donna probablement sur la mort de son époux les détails que nous ignorons. Peu de temps après, elle mit au monde un fils qui devoit parvenir à ce trône tant désiré par son père, et en voir la chute. Les seigneurs fidèles au sang de Baudouin continuèrent la régence à cette princesse,