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décadence

après, regretté des Français et des Vénitiens : c’étoit le dernier des grands capitaines qui avoient pris part à la conquête.

L’Empereur, menacé à l’occident et à l’orient par deux ennemis redoutables, Théodore d’Épire et Théodore Lascaris, résolut de traiter avec ce dernier qui passoit pour plus modéré, et dont sa sœur étoit l’épouse. Il lui envoya donc des ambassadeurs qui, secondés par l’Impératrice tendrement aimée de son mari, obtinrent que l’ancienne alliance fût renouvelée. Pour la rendre plus solide, il fut décidé que la princesse Eudocie, issue du premier mariage de Lascaris avec Anne fille de l’usurpateur Alexis, donneroit sa main à l’empereur Robert. Au moment où les ambassadeurs alloient repartir avec l’épouse destinée à leur prince, la mort de Lascaris changea la face des affaires.

Théodore Lascaris ne laissoit point de fils : sa famille se composoit des princes Alexis, Isaac, Manuel et Michel ses frères, et de deux filles Irène et Eudocie, dont la première étoit l’épouse de Jean Ducas-Vatace, capitaine renommé parmi les Grecs. Vatace, plus adroit que les oncles de sa femme, parvint au trône. Courageux, prévoyant, artificieux, également habile dans les négociations et dans la guerre, il devoit puissamment contribuer à la ruine de l’Empire latin.

Des quatre frères de Lascaris, Manuel et Michel se soumirent sans murmure au nouvel Empereur ; les deux autres Alexis et Isaac quittèrent brusquement la cour, et partirent pour Constantinople, après avoir vainement tenté d’enlever Eudocie que Vatace, rebelle aux dernières volontés de son beau-père, ne vouloit pas donner à Robert. Ils furent très-bien accueillis