Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
291
de saint loys.

pris et ranczon raisonnable, qu’il manderoit à la Royne qu’elle le paiast pour la ranczon de sa gent. Et les Sarrazins lui demandèrent, pourquoy il le vouloit mander à la Royne. Et il leur respondit que c’estoit bien raison qu’il le fist ainsi, et qu’elle estoitsa dame et compaigne. Et adonc le conseil du Souldan alla savoir audit Souldan combien il demandoit au Roy. Et tantoust retournèrent vers le Roy, et lui disrent que si la Royne vouloit paier dix cens mille besans d’or, qui valoient lors cinq cens mille livres, qu’elle délivreroit le Roy par ce faisant. Et le Roy leur demanda par leur serement, si la Royne leur paioit les cinq mil livres, si le Souldan consentiroit sa délivrance. Et ilz retournèrent savoir au Souldan s’il le vouloit ainsi faire et promettre. Et rapportèrent les gens de son conseil qu’il le vouloit bien, et lui en firent le serement. Et si toust que les Sarrazins lui eurent juré et promis en leur foy d’ainsi le faire et de le délivrer, le Roy promist qu’il paieroit voulentiers pour la ranczon et délivrance de sa gent cinq cens mil livres, et pour son corps qu’il rendroit Damiete au Souldan : et qu’il n’estoit point tel qu’il se voulsist redimer, ne avoir pour aucune finance de deniers la delivrance de son corps. Quant le Souldan entendit la bonne voulenté du Roy, il dist : « Par ma loy, franc et libéral est le François qui n’a voulu barguigner sur si grant somme de deniers : mais a octroié faire et paier ce qu’on lui a demandé. Or lui allez dire, fist le Souldan, que je lui donne sur sa ranczon cent mil livres, et ne paiera que quatre cens mil.»

Adonc le Souldan tantoust fist mettre en quatre gallées sur le fleuve tous les plus grans gens que le Roy

19.