Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/110

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protestans et partisans de leur maison, qui s’offroient en fort grand nombre de les accompagner et servir en toutes choses, pourveu que le roy de Navarre se declarast, l’asseurans qu’il auroit plus de force que ceux de Guise. Et combien que le roy de Navarre eust assisté à plusieurs presches publics que Theodore de Beze avoit faits à Nerac, si est-ce qu’il ne voulut pas se declarer contre eux : tellement que tous ceux qui luy offroient service commençoient dès-lors à se retirer.

Aussi estoit-il à craindre que le roy de Navarre, en monstrant de se defier, et s’accompagner des forces des protestans, ne se rendist desagreable et odieux à Leurs Majestez, qui n’eust pas esté le moyen de justifier le prince son frere. Mais les partisans du roy de Navarre, de la maison de Bourbon, et les protestans qui estoient pour lors en France, s’abusoient de penser estre les plus forts aux Estats, d’autant que le duc de Guise et ses freres, ayans de leur costé la pluspart de la noblesse, le clergé et les villes presque de tout le royaume, avoient donné si bon ordre par tous les gouvernemens, ports et passages, qu’il estoit impossible aux protestans de faire aucunes assemblées, ny de passer d’un lieu en l’autre qu’ils n’eussent esté surpris et descouverts.

Toutefois le prince de Condé eust bien pu eschapper et se retirer en quelque maison forte : aussi le roy de Navarre n’estoit pas responsable de sa personne, et avoit juste occasion, au sujet de ceux de Guise, puisqu’il avoit cette defiance d’eux, de n’aller à la Cour ; et ce d’autant plus que la princesse de Condé sa femme luy avoit mandé qu’elle estoit certainement advertie que l’on avoit resolu, s’il y veuoit, de le prendre prisonnier, luy faire son procès et le faire mourir, le