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bruit d’estre fort factieux en la cause des protestans, qui estoient en grand nombre en la ville d’Orleans et ès environs.

Cela se faisoit pour retrancher par la racine la requeste des protestans, qui avoit esté presentée au Roy par l’Admiral, et pour intimider les deputez des provinces de parler en leur faveur. Aussi avoit-on donné bon ordre que nul ne fust deputé par les Estats, qui ne fust bon catholique. Et lors que les deputez arrivoient en la ville d’Orleans, l’on leur faisoit deffences de ne toucher aucunement au faict de la religion.

Et afin que nul ne trouvast estrange, s’il estoit possible, l’emprisonnement du prince de Condé, l’on disoit à la Cour qu’il avoit esté chef de la conjuration d’Amboise, ainsi que plusieurs tesmoins l’avoient deposé, mesmement ceux que l’on avoit fait mourir. Davantage, qu’il avoit juré à Genlis et plusieurs autres qu’il n’iroit jamais à la messe, et, non content de cela, qu’il avoit voulu faire surprendre la ville de Lyon par les pratiques et menées du jeune Maligny, auquel il en avoit donné la charge ; et que par ces moyens il estoit atteint et convaincu de crime de leze-majesté divine et humaine. Et pour rendre la cause plus claire, il fut envoyé un prestre avec son clerc en la chambre où il estoit prisonnier, pour luy dire la messe par commandement du Roy. Auquel le prince de Condé fit response qu’il estoit venu pour se justifier des calomnies que l’on luy avoit imposées, ce qui luy estoit de plus grande importance que d’ouir la messe ; laquelle response fut fort mal prise, et aussi qu’il ne fleschissoit point son grand courage pour estre prisonnier.

Et comme un jour quelques-uns de ses serviteurs et