Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/145

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il sauva la vie, l’ayant convaincu de l’avoir voulu tuer, ce qui succéda bien à l’Empereur ; car depuis il n’y eut personne qui voulust entreprendre de conspirer contre luy. Voilà, ce semble, les raisons pour lesquelles l’edict de juillet fut fait, lequel toutesfois n’estoit que provisionnel, après y avoir employé des plus doctes et grands personnages, et des plus advisez du royaume : ce que j’ay bien voulu toucher en cet endroit, pour en faire juger la nécessité, et qu’il ne faut pas que les gens qui n’ont esté nourris qu’aux écoles, blasment témérairement les princes et les gouverneurs qui manient les affaires d’Estat, principalement à l’advenement d’un jeune roy, comme le nostre estoit lors, et plusieurs esbranlez aux factions.

Cet edict estant fait, aucuns des protestans commencèrent à respirer et reprendre courage, et quelques-uns de ceux qui n’osoient auparavant dire mot, se descouvrirent sans aucune crainte, disputans franchement de la religion de part et d’autre, sans exception de lieux. Et quoy qu’il fust deffendu par l’edict de faire assemblées en public ny en particulier, pour le faict de la religion, neantmoins les protestans ne se purent abstenir de s’assembler en des maisons où l’on baptisoit, faisoit la cène, les mariages et prières à la façon de Genève, fort différente de la confession d’Ausbourg, qu’aucuns proposèrent qu’il seroit meilleur d’admettre en France, si la nécessité y estoit, que de bailler entrée à la secte calviniste et aux ministres de Genève, que l’on disoit avoir beaucoup plus d’ignorance et de passion que de religion.

Bientost après les assemblées furent si grandes, que les maisons particulières qui avoient accoustumé de