Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/146

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les recevoir, ne les pouvoient plus contenir. Toutesfois il y avoit encore bien peu de ministres qui se voulussent découvrir, et la pluspart estoient pauvres gens, ignorans et grossiers, et qui n’avoient autre sçavoir ny doctrine que leurs catéchismes et leurs prières imprimées à Genève, parce qu’il n’y avoit autre profit que le danger de perdre la vie et les biens s’ils en eussent eu, et les plus doctes et habiles avoient esté chassez ou faits mourir. C’est pourquoy ceux qui estoient demeurez, comme plus fins et advisez, envoyoient devant les plus grossiers, pour voir quel tems il y faisoit. Et dès-lors que quelque sçavant ministre venoit, tous les protestans couroient et le suivoient comme un prophète.

Trois mois après ils présentèrent une autre requeste au Roy, pour avoir des temples fondez, comme ils disoient, pour oster l’opinion à beaucoup de catholiques des paillardises que l’on avoit publié se faire es assemblées privées ; qui estoit bien une partie du prétexte, mais en effet les protestans esperoient que ces temples leur estans octroyez, chacun y courroit à l’envy.

Il sembloit à quelques-uns que la Reyne, mère du Roy, inclinoit à leur faveur, parce qu’elle escoutoit volontiers l’Admirai et ceux qui lui parloient pour le bien de l’Estat et le repos du royaume, comme c’estoit une princesse qui ne refusoit de prester l’oreille à tout ce qui pouvoit accroistre la grandeur de ses enfans et la paix en France ; aussi que pour lors on luy disoit qu’il n’estoit question que de réformer seulement quelques abus qui avoient pris accroissement en l’Eglise catholique par souffrance : et mesme l’on pensoit