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Et ceux qui estoient plus politiques, preschoient à haute voix qu’il n’y avoit rien de plus dangereux en une république que la nouveauté de religion, nouveaux ministres, nouvelles loix, nouvelles coustumes, nouvelles cérémonies, nouveaux sacremens et nouvelle doctrine ; toutes lesquelles choses tiroient après elles la ruine des Estats, avec une effrenée désobéissance envers Dieu et les princes : parquoy il n’y avoit rien si asseuré que de suivre l’ancienne religion, l’ancienne doctrine, les anciennes cérémonies et les anciennes loix, publiées et gardées depuis les apostres : et remonstroient aux peuples que depuis quinze ou seize cens ans tous les chrestiens avoient tenu la religion catholique que les protestans s’efforçoient d’arracher et renverser, et qu’il n’estoit pas possible que tant de roys, princes et grands personnages, eussent erré si longuement, et fussent privez de la grâce de Dieu, et du sang de Jésus-Christ, qui seroit blasphémer contre sa bonté, et l’accuser d’injustice.

Davantage, les jésuites, tous les mandians et autres religieux, qui preschoient aussi plus qu’auparavant, alloient par les villes, villages et maisons des particuliers, admonester un chascun de la doctrine des pretestans. Et les evesques envoyoient quérir des pardons et jubilez à Rome, pour faire jeusner les peuples, et les convier à prier pour la manutention de la vraye Église catholique ; et plusieurs ne se pouvoient tenir de dire qu’il falloit empescher les protestans de prescher, puisque la justice n’en tenoit compte. Toutes ces choses empeschèrent beaucoup les desseins des ministres, qui ne preschoient qu’en crainte : de là commença à naistre et s’enraciner une plus grande hayne