Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/179

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plaisoit, escrivit au prince de Condë, par le baron de La Garde[1], de la bonne affection qu’elle luy avoit tousjours portée, et du regret qu’elle avoit de voir les choses en telle extrémité, luy promettant que si à ce coup il se montroit bon serviteur et parent du Roy, elle ne l’oublieroit jamais, ny le devoir qu’il monstreroit à la conservation de l’Estat, et à appaiser les troubles dont il se faisoit chef d’une part, voyant bien que de l’autre le connestable et mareschal de Sainct-André prenoient beaucoup de licence avec ceux de Guise, pour s’animer peut-estre par trop contre les protestans ; en quoy elle n’avoit pas du tout esté crue desdicts sieurs, qui avoient des passions particulières, mais que, pour le service du Roy et le bien du royaume, il falloit tout oublier.

Et si l’on avoit dit du duc de Nemours qu’il avoit voulu tirer Henry, duc d’Anjou[2], frere du Roy, de la

  1. Par le baron de La Garde. Cette lettre, qui nous a été conservée dans les Mémoires de Condé, tome III, page 123, n’est pas tout-à-fait telle que l’annonce Castelnau : elle est curieuse en ce qu’elle donne une idée de la position où se trouvoit alors Catherine de Médicis, et de la politique tortueuse qu’elle avoit adoptée ; la voici : « Mon cousin, « j’ay entendu par le baron de La Garde ce que vous avez dict ; et, mon cousin, j’en ay esté et suis si asseurée que je ne m’asseure pas plus de moi-mesme. Je n’oublieray jamais ce que vous ferez pour le Roy mon fils ; et, pour ce qu’il s’en retourne pour l’occasion qu’il vous dira, je ne feray pas longue lettre, et vous prieray seulement de croire ce qu’il vous dira de la part de celle de qui vous vous pouvez asseurer comme de vostre propre mère. Vostre bonne cousine, Catherine. »
  2. Qu’il avoit voulu tirer Henry, duc d’Anjou. Le duc de Nemours (Jacques de Savoie) avoit fait cette tentative au mois de novembre 1561, avant que le trimnvirat fût formé. Ayant séduit mademoiselle de La Garnache, proche parente de la reine de Navarre, et n’ayant pas voulu l’épouser, il craignoit la vengeance d’Antoine de Bourbon. Ce fut, à ce qu’il paroît, cette crainte qui le porta à faire au jeune frère de Charles IX, l’étrange proposition dont parle Castelnau.