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Dieu et des armes. Ainsi chacun se résolut et appresta pour la guerre de part et d’autre. Les protestans donc, que nous appellerons cy-après huguenots, du nom que nous avons dit leur avoir esté donné à la conspiration d’Amboise, ayans pris ce nom, le voulurent honorer de tout le courage que les François ayent jamais eu à combattre leurs plus grands ennemis, et firent faire lors des casaques de drap blanc pour toute leur cavalerie, qui estoit une marque fort aisée à cognoistre ; aucuns des principaux chefs en avoient de velours, mais bien peu. Et, pour donner plus de couleur aux raisons qu’ils disoient avoir de prendre les armes, faisoient souvent publier et imprimer de petits livrets, par lesquels ils se plaignoient de la susdicte captivité du Roy, et confédérations faites contre Sa Majesté, de l’infraction des edicts, des meurtres et massacres, ainsi les appelloient-ils, faits en plusieurs lieux, de la nécessité en laquelle ils estoient réduits, et autres semblables protestations pleines de paroles fort aigres et piquantes contre ceux de Guise ; montrans par leurs paroles et discours grande affection envers le Roy et la Reyne sa mère, et principalement le prince de Condé, qui écrivit aussi lors à toutes les eglises des huguenots, afin qu’ils donnassent ordre que leur armée n’eust faute des choses nécessaires pour la deffense de la religion.

Mais d’autre part, pour oster l’occasion audict prince et à ses partisans de prendre les armes, le Roy fit publier un nouvel edict[1], déclaratif et limitatif de l’edict de janvier, par lequel Sa Majesté vouloit et entendoit que l'edict de janvier fust entretenu par tout le royaume,

  1. Un nouvel edict. C’est la déclaration du 11 avril 1562, dont nous avons parlé dans la note de la page 169.