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excepté seulement en la ville de Paris. Et par autres lettres patentes Sadite Majesté déclara comme les huguenots ne dévoient prendre occasion de se rebeller ny prendre les armes, sous couleur que le Roy et la Reyne estoient prisonniers avec ses frères, tant de ceux de Guise que du connestable : faisant ample déclaration du contraire, et qu’ils estoient en pleine et entière liberté pour deffendre l’Estat, avec l’aide de leurs bons sujets et serviteurs, tant ceux qui estoient près de leur personne, qu’autres qui en estoient plus esloignez. Laquelle déclaration sembloit monstrer que la confederation faite entre le roy de Navarre, le connestable et le duc de Guise, n’estoit point tant pour le fait de la religion que pour la conservation de l’Estat : c’est pourquoy beaucoup de catholiques qui n’avoient autre but que de maintenir leur religion, et pensoient auparavant que la confédération ne visast que là, commencèrent à se refroidir ; ce qui fut cause que l’edict de janvier fut entièrement révoqué, afin que tous bons catholiques s’employassent plus volontiers à la conservation du royaume quand ils verroient qu’il seroit question de la religion seulement, pour laquelle chacun prendroit de bon cœur les armes.

Cependant, afin de ne perdre temps, l’on manda la gendarmerie et ceux des ordonnances de se tenir prests pour le quinziesme du mois de may ; et se delivra plusieurs commissions pour lever des gens de pied, et furent faits nouveaux capitaines de tous âges et qualitez ; ce que voyans les huguenots, commencerent à s’emparer des villes de Blois, Poictiers, Tours, Angers, Baugency, Chaalon-sur-Saosne, Mascon, La Rochelle, Rouen, Ponteau-de-Mer, Dieppe, le Havre-de-Grace,