Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/190

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En ce temps, les huguenots de Thoulouse, se voyans trop foihles pour se saisir de la ville comme ils avoient délibéré, et, craignans d’estre mal-traictez des catholiques, trouvèrent moyen d’attirer es environs d’icelle quelques soldats des monts Pirenées, qui se disoient bandolliers, lesquels, avec l’intelligence qu’ils avoient des huguenots, entrèrent en la ville et la surprirent ; puis ils se saisirent de la maison de ville, où estoient les poudres et artillerie, et tinrent en leur puissance une grande partie de ladicte ville ; mais, n’ayans pu se rendre tout à fait maistres d’icelle ny du chasteau, les catholiques prirent courage, s’assemblèrent, vinrent aux armes, et combattirent trois ou quatre jours contre les huguenots, où plusieurs furent tuez de part et d’autre, et quelques maisons brûlées. Et les huguenots, estans advertis que Montluc approchoit avec une armée, se retirèrent la nuict du jeudy devant la Pentecoste, et de là surprirent et gagnèrent la ville de Montauban, laquelle ils ont depuis tousjours tenue. Ceux qui demeurèrent en la ville de Thoulouse furent mal-traictez, car ils furent tous tuez, pendus ou prisonniers.

Enfin les huguenots, animez et bien résolus, se voyans hors d’espérance de paix, firent assembler leur synode general en la ville d’Orléans, où il fut délibéré des moyens de faire une armée, d’amasser de l’argent, lever des gens de tous costez, et enrooller tous ceux qui pourroient porter les armes. Puis ils firent publier jeusnes et prières solemnelles par toutes leurs églises, pour éviter les dangers et persécutions qui se presentoient contr’eux.

Lors la Reyne mère, craignant que la personne du Roy et de ses autres enfans fussent en danger, ou que ceux