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qui estoient auprès du Roy se retirassent en leurs maisons, comme ils en avoient fait courir le bruit, disans que Sa Majesté favorisoit les huguenots, etempeschoit tant quelle pouvoit que l’on leur fist la guerre, se résolut de laisser partir l’armée qui estoit toute es environs de Paris, en laquelle il y avoit plusieurs compagnies nouvelles de gens de pied, et la cavalerie pouvoit estre de dix-huit cens ou deux mille chevaux, avec une grande troupe de seigneurs et gentilshommes volontaires en fort bon équipage. Et ainsi l’armée du Roy s’achemina bien gaillarde, et conduite par de bons chefs, et commença à marcher en bataille aussitost qu’elle fut à cinq ou six lieues de Paris, pour tirer vers Orléans.

Les huguenots d’autre costé, qui estoient en cette ville avec le prince de Condé leur chef, pourvoyoient à leurs affaires le mieux qu’ils pouvoient, chacun d’une part et d’autre, monstrant beaucoup de résolution. L’on ne parloit que de donner la bataille : le prince de Condé, qui a tousjours eu plus de courage que de force, se prépare de sortir d’Orléans et se mettre en campagne. La Beauce se trouve avec deux armées pour luy aider à faire la récolte.

La Reyne, mère du Roy, voyant les armes au milieu du royaume, qui n’en promettoient que l’entière désolation, cherche le moyen de parier au prince de Condé, présent le roy de Navarre ; ce qu’elle fit au commencement du mois de juin, en un village près de Talsy, où se pensa donner la bataille ; et après plusieurs conférences sur le bien de la paix et le repos du royaume, et pour faire poser les armes de part et d’autre, la conclusion du prince de Condé fut que