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ment de Dieu, elles fussent réciproques tant d’un costé que d’autre ; et Orange fut estimée le fondement de celles qui se faisoient au Dauphiné de sang froid par les huguenots. Bref, toutes choses estoient réduites à l’extrémité ; ledict baron des Adrets y fit bien parler de luy, et son nom fut cogneu par toute la France. Ainsi la guerre civile estoit comme une rage et un feu qui brûloit et embrasoit toute la France.

En ce temps, la cour de parlement de Paris, sur des lettres patentes envoyées par le Roy le vingt-cinquiesme juillet, déclara ceux qui tenoient la ville d’Orléans rebelles et coupables du crime de leze-majesté, horsmis le prince de Condé, comme estant iceluy detenu et arresté prisonnier des huguenots. En vertu de cet arrest, l’on prenoit tous ceux de la religion que l’on attrappoit portant les armes, et procedoit-on contre eux criminellement, comme coupables de leze-majesté. Et, davantage, la cour de parlement condamna et fit exécuter à mort Gabaston[1], lieutenant du capitaine du Guet, pour s’estre monstre trop partisan des huguenots.

Cela et la condamnation du ministre Marlorat, et autres qu’on fit mourir par justice en plusieurs villes

    raconte que des Adrets, en entrant dans le château de Montbrison, fit tailler en pièces les assiégés, et n’en réserva que trente qu’il appela pendant qu’il dînoit sur le bord d’un précipice. Il leur ordonna de s’y précipiter successivement. L’un d’eux s’étant arrêté sur le bord, le baron lui dit : Quoi ! tu en fais à deux fois ! — Monsieur, répondit le condamné, je vous le donne en dix. Ce fut le seul auquel le général protestant fit grâce.

  1. Gabaston : il avoit, l’année précédente, pris le parti des protestans dans le tumulte de Saint-Médard, et on lui attribuoit la mort de plusieurs catholiques.