Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/249

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Sainct-André ou du duc de Guise, donna trop de temps à l’Admiral, qui ne le perdoit pas, à rallier tout ce qu’il pouvoit de sa cavalerie, comme il fit environ quatre cens chevaux François et ses reistres, à la teste desquels il se mit avec le prince Porcian, La Rochefoucault, et la pluspart de la noblesse huguenote, et les pria tous de retourner au combat. Et ainsi ils marchèrent droit au village de Bleinville où nostre avant-garde estoit en bataille, foible de cavalerie, ce qui apportoit beaucoup d’avantage audit Admiral, lequel se vouloit tousjours avancer pour la rompre ; mais le duc de Guise fit approcher Martigues, qui estoit avec un bataillon de gens de pied couvert de la cavallerie, où estoient les plus vieux soldats de toutes les bandes, lesquels rompirent le dessein dudit Admiral, qui estoit de défaire notre cavalerie, comme j’ay dit, laquelle soustint une si grande et forte charge sous la conduite du duc de Guise, qu’il ne luy demeura pas cent chevaux ensemble ; mais il fit une grande diligence de se rallier : ce que voyant l’Admiral, et que Martigues avec son bataillon de gens de pied faisoit merveilles de tirer sur sa cavalerie, il commença alors à se serrer avec ses reistres pour faire la retraite.

Ainsi le duc de Guise demeura chef en l’armée du Roy, pour estre le Connestable pris prisonnier, et le mareschal de Sainct-André aussi pris et tué. Et voyant que l’Admiral se retiroit avec ses reistres et ses François, essaya de le suivre avec Martigues et ses gens de pied et fort peu de cavalerie : mais il n’y eut moyen qu’il le pust joindre, et aussi que la bataille ayant duré plus de cinq heures, les jours estans courts, la nuit survint, qui osta la vue et la cognoissance de l’Admiral. Lequel sauva avec sa cavalerie quelques pièces de son artillerie, et