Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dieppe, guidez par plusieurs huguenots qui estoient dedans le pays.

Matignon, lieutenant du Roy en la basse Normandie, et a présent mareschal de France, estoit d’autre part bien empesché par l’Admiral, lequel avec ses reistres estoit maistre de la campagne, comme aussi par le comte de Montgommery ; ce qui faisoit bien mal au cœur au mareschal de Brissac, lieutenant-général par toute la Normandie, lequel estoit contraint de demeurer à Rouen, pour n’avoir ny hommes, ny argent, ny moyen de sortir de la ville, et trouvoit ce commandement bien different de celuy qu’il avoit eu en Piedmont, avec tant d’argent et de braves capitaines et soldats, et qu’il n’y avoit rien en France qui luy fust lors espargné, n’y ayant jeune prince, seigneur et gentilhomme qui n’allast faire son apprentissage en cette guerre de Piedmont. Voyant donc le mareschal de Brissac le piteux commandement qu’il avoit, et le peu de moyen de conserver sa réputation, et faire service au Roy en cette charge, manda le comte Rhingrave et quelques autres seigneurs et gentilshommes, et des principaux capitaines qui estoient serviteurs du Roy en Normandie, pour le venir trouver à Rouen, afin de prendre conseil et délibération de ce qu’il falloit faire. Or estans assemblez avec luy, il nous proposa qu’il avoit un extresme regret d’avoir, sur ses vieux jours, accepté la charge de lieutenant general du Roy en Normandie, se trouvant seulement avec la commission qu’il vouloit renvoyer à Sa Majesté, parce que l’on ne luy avoit tenu aucune chose de ce qui luy avoit esté promis, luy ayant esté dit et asseuré au partir de la Cour, qu’aussi tost qu’il seroit à Rouen l’on luy envoyeroit des