Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/271

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vieie et faire sa batterie, avec esperance que la ville ne tiendroit pas long-temps après. Le troisiesme jour au matin, sur les huit heures, il envoya querir tous les principaux seigneurs et capitaines qui avoient charge en son armée, et, pour avoir plus d’espace, entra au jardin, où il me donna charge en leur présence de dire, sans oublier aucune chose, la commission que m’avoit donnée le mareschal de Brissac, par l’advis de ceux qui estoient serviteurs du Roy en Normandie, et le commandement que m’avoient fait Leurs Majestez, qui approuvoient l’opinion dudit mareschal : ce que je recitay de point en point, avec toutes les raisons qu’il m’estoit commandé de dire au duc de Guise et à tous ceux qui estoient avec luy. Et, après m’avoir attentivement escouté, demanda l’advis à tous les seigneurs et capitaines qui estoient présens, et les fit opiner par ordre, commençant aux plus jeunes. Il n’y en eut pas un qui ne trouvast en apparence ce conseil du maresched et ce commandement du Roy très-bon, d’aller incontinent combattre l’Admiral.

Et après les avoir tous ouys, le duc de Guise commença de parler en cette façon : « Messieurs, nous avons tous entendu le bon conseil de M. le mareschal de Brissac par la bouche de Castelnau, et l’opinion de tous les bons serviteurs du Roy qui sont avec luy, ensemble l’estat auquel sont de present les affaires en la Normandie, et les actes d’hostilité qu’y fait journellement l’Admiral avec ses reistres, et ce qui luy reste de cavalerie de la bataille, toutes choses à la vérité dignes de grande considération, et le commandement exprès que le Roy nous donne la-dessus de partir d’icy avec cette armée, pour nous aller opposer à l’Admiral et à