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Rhingrave. Et n’eurent pas sitost pris cette délibération qu’ils vinrent aux effets ; dont la reyne d’Angleterre estant advertie, incontinent envoya du secours de vivres, artillerie et munitions, avec commandement de tenir jusques à la restitution de ce qu’elle prétendoit luy estre du par le traité de Cambresis, au défaut de la reddition de Calais.

L’on tient qu’il y avoit jusqu’à six ou sept mille Anglois sous la charge du comte de Warwik, comme j’ay dit cy-devant, lequel, dès lors qu’il entendit que la paix estoit faite, commanda que toutes sortes de gens eussent à déloger du Havre, excepté les Anglois naturels. Ce qui fut effectué, quelques plaintes et remonstrances pleines de pitié et compassion que pussent faire les pauvres habitans de la ville. Et se saisirent les Anglois de tous les vaisseaux et navires qu’ils purent attraper du long de la Normandie, estimans qu’il seroit malaisé au Roy de pouvoir mettre sus une armée de mer aussi forte que celle d’Angleterre, mesme en si peu de tems, après tant de ruynes et pertes que si fraischement la France avoit endurées.

Et dès lors ils se préparèrent à tout ce qui estoit necessaire pour bien garder cette place, en laquelle ayans esté aucunement resserrez par les troupes du comte de Rhingrave, ils le furent bien davantage par la présence du Roy et de l’armée, laquelle le Connestable commandoit, qui, estant logé à Vitanval, dès le lendemain partit de bon matin pour s’en aller aux tranchées, et fit sommer les Anglois de rendre la place, leur faisant remonstrer qu’ils ne la pouvoient deffendre contre le Roy et son armée, en laquelle estoient la pluspart des François de l’une et l’autre reli-