Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/325

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grande dispute pour l’amour et sur la beauté d’une dame : n’ayans encore pu trouver l’occasion de combattre pour cette querelle, laquelle ils desiroient terminer en présence de grands princes, seigneurs, chevaliers et de belles dames, pour estre tesmoins et juges de la victoire, et sçachans qu’en ce festin il y avoit des personnes de ces qualitéz pour decider ce point dignement, ils envoyèrent demander le combat au Roy par hérauts d’armes, accompagnez aussi de très excellentes voix, qui présentèrent et récitèrent les cartels et plusieurs belles poésies, avec les noms et actes belliqueux des Grecs et Troyens, qui devoient combattre avec des dards et grands pavois, où estoient depeintes les devises de chaque combattant : j’estois de ce combat sous le nom d’un chevalier nommé Glaucus, comme aussi des autres tournois et parties qui se firent à Fontainebleau, et semblablement d’une tragi-comédie que la Reyne, mere du Roy, fit jouer en son festin, la plus belle, et aussi bien et artistement representée que l’on pourroit imaginer, et de laquelle le duc d’Anjou, à présent roy, voulut estre, et avec luy Marguerite de France sa sœur, à présent reyne de Navarre, et plusieurs princes et princesses, comme le prince de Condé, Henry de Lorraine duc de Guise, la duchesse de Nevers, la duchesse d’Uzès, le duc de Rets, aujourd’huy mareschal de France, Villequier et quelques autres seigneurs de la Cour. Et, après la comedie, qui fut admirée d’un chacun, je fus choisi pour réciter en la grande salle, devant le Roy, le fruit qui se peut tirer des tragedies, esquelles sont representées les actions des empereurs, rois, princes, bergers et toutes sortes de gens qui vivent en la terre, le théâtre commun du