Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques menées, entre lesquelles elle dit que celles de Nantoüillet luy estoient les plus desagréables, parce que, non seulement il s’estoit voulu sauver comme ses compagnons, mais avoit cherché des pratiques inutiles et sans apparence d’aucun effet, pour troubler son Estat, mesme au temps qu’elle luy faisoit le plus de faveur, et qu’il y avoit plus d’esperance de paix que de guerre. Surquoy elle dit que, quand bien elle accorderoit la pleine et entière delivrance de Mouy, Palaiseau et de La Ferté, en faveur du Roy, elle ne devoit nullement consentir à celle de Nantoüillet, mais plustost le mettre en la tour de Londres pour les causes alléguées : alors luy parla fort aigrement sur beaucoup de particularitez, concluant qu’elle ne le pouvoit laisser aller. A quoy je repliquay que ce seroit rompre les bons commencemens de la paix, ou la vouloir attacher S une difficulté de nulle conséquence. Enfin, après luy avoir dit ce qui se pouvoit sur ce sujet, elle consentit à sa liberté comme à celle des autres ; outre lesquels je fis encor delivrer quelques cent cinquante prisonniers françois qui estoient en diverses prisons d’Angleterre, ayans esté pris sur la mer ou autrement.

Ce qu’estant fait, après avoir esté quelques jours traicté avec toute sorte de faveurs et bonnes cheres de la Reyne, qui me fit un present d’une chaisne de trois mille escus, et d’une quantité de chiens et de chevaux du pays, outre ceux qu’elle envoyoit au Roy, je pris congé d’elle après avoir eu toutes mes despesches, et m’en retournay trouver le Roy à Bar-le-Duc, où se fit le baptesme du fils aisné du duc de Lorraine, tenu sur les fonts et nommé Henry par le Roy : et fut aussi parrain le roy d’Espagne, pour lequel le comte de Mans-