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CHAPITRE IX.


Le cardinal de Lorraine, à son retour du concile de Trente, sollicite chaudement la vengeance de la mort du duc de Guise son frère. Procès fait à Rome contre la reyne de Navarre, et ses Estats mis en interdit, à quoy le Roy s’oppose, et le Pape demeure ferme en son entreprise. Voyage du Roy à Nancy. Le Roy, sollicité de rompre la paix avec les huguenots, le refuse. La publication du concile de Trente refusée par les parlemens de France. Importance du voyage du Roy, et de la necessité qui oblige les roys en France de donner accès à leurs sujets, et de prendre connoissance des affaires de leur Estat.


Le cardinal de Lorraine, nouvellement retourné du concile de Trente, qui ressentoit tousjours une douleur incroyable de la mort du feu duc de Guise son frère, comme faisoient tous les parens, amis et partisans de cette maison, fit nouvelle instance pour en avoir justice. Mais parce que ceux qu’il disoit en estre coupables estoient forts et puissans, et qu’il estoit impossible pour lors de leur donner contentement sur ce poinct sans alterer le repos du royaume, le Roy ne vouloit entrer en cognoissance de cette cause, mais bien donnoit tousjours esperance d’en faire la justice en temps et lieu. Et d’autant que Jeanne d’Albret, reyne de Navarre, avoit tousjours soustenu le party des huguenots, tant auparavant qu’après la mort d’Antoine de Bourbon, roy de Navarre, son mary, l’on luy dressa des poursuites en la cour de Rome, à la