Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/343

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guenots, avec deffence aux magistrats de ne la permettre qu’es lieux spécifiez. Outre ce, fut deffendu aux huguenots de ne faire synodes ny assemblées, sinon en la présence de certaines gens et officiers du Roy, qui seroient tenus d’y assister : qui estoient deux articles de grande importance, pour coupper la voye aux conspirations et monopoles contre le Roy.

Plusieurs de la religion pretendue reformée faisoient diverses plaintes que le cours et exercice de leur religion estoit empesché : aussi les grandes chaleurs de cette année, 1564, correspondoient aux esprits violens qui ne se pouvoient contenir en repos, ains excitoient divers remuemens en plusieurs endroits du royaume, comme au pays du Maine, Anjou, Touraine, Auxerrois, Guyenne ; et venoient de tous costez plaintes des huguenots à la Cour, qu’ils estoient maltraitez, et que l’on ne leur faisoit point de justice ; en quoy le conseil du Roy connivoit de son costé. Aussi d’autre part, plusieurs catholiques et gens d’église se plaignoient que les huguenots les empeschoient de jouir de leurs biens, et les ecclésiastiques et curez de faire les fonctions de leurs charges ; de sorte que chacun recommençoit à se liguer, comme ne se pouvans plus souffrir ; dont je laisseray plusieurs particularitez à ceux qui en ont escript bien amplement.

Le Roy, par le conseil de la Reyne sa mere, voyant l’aigreur qui s’augmentoit nouvellement, meslée avec l’ambition des plus grands qui entretenoit le mal, ordonna aux gouverneurs des provinces, maires et eschevins des villes, de ne rien dire ny faire aux huguenots qui chantoient des psalmes hors des assemblées ; davantage, que l’on ne les forçast au pain benit, ny à