Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/379

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aux armées, et avoit ou devoit avoir si bonne intelligence par les provinces et tout le royaume, que rien n’y pouvoit survenir dont il ne fust adverty, et mieux que moy ; que ce n’estoit pas chose qui se portast en la manche, qu’une armée de huguenots, lorsqu’ils se voudroient remettre en campagne, et que cent chevaux ny cent hommes de pied ne se pouvoient mettre ensemble, dont il n’eust incontinent advis. Lors le chancelier de L’Hospital dit au Roy et à la Reyne sa mere, que c’estoit un crime capital de donner un faux advertissement à son prince souverain, mesmement pour le mettre en défiance de ses sujets, et qu’ils préparassent une armée pour luy mal-faire. De sorte que tous estoient fort mal —satisfaits de moy pour l’advis que j’avois donné.

Le lendemain arriverent quelques courriers de Lyon, ausquels Leurs Majestez demandèrent des nouvelles ; ils dirent qu’au mesme temps qu’ils estoient partis, il y avoit rumeur de quelques remuemens, et n’avoient jamais veu tant de gens courir la poste et prendre les traverses que sur ce chemin-là, mesmement pour aller à Chastillon, où estoit l’Admiral, qui faisoit les mandemens, departemens et rendez-vous aux troupes, et à ceux de son party qui se devoient assembler, y estant aussi le cardinal de Chastillon et d’Andelot ses freres, avec grand nombre de seigneurs, gentils-hommes, capitaines, habitans des villes, et autres de la faction, pour sçavoir ce qu’il falloit faire ; ce qui n’esmeut pas beaucoup la Cour, qui ne le pouvoit croire, non plus que ceux qui ne sentent point leur mal ne peuvent apprehender les accidens mortels qui leur pement advenir.