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tant de gens d’armes, archers, arquebusiers à cheval, mareschaux des logis, fourriers, chevaucheurs d’escurie et autres, jusques à soixante chevaux, tels qu’ils se purent rassembler dans Paris, pour faire ce voyage. Et pour ce que la ville estoit environnée de tous les costez des faux-bourgs Sainct-Denys, Sainct-Martin, Montmartre, Sainct-Honoré et autres portes de ce costé, fut résolu que je sortirois la nuit par la porte Sainct-Antoine, avec de bons guides, pour effectuer le voyage. Mais, estant à un quart de lieue de la ville, je fus chargé et rejetté, avec grand nombre de cavalerie huguenotte, dedans le faux-bourg Sainct-Martin, sans aucun pouvoir de passer ; ce qui desplaisoit fort à Leurs Majestez, au Connestable, et aux ducs d’Aumale et de Nemours, qui firent tout ce qu’ils purent la nuit suivante pour envoyer decouvrir de tous ces costez-là, et mesmement le duc d’Aumale monta à cheval pour cet effet et pour favoriser mon passage, mais il n’y eut aucun moyen.

Sur quoy fut résolu que je prendrois l’autre costé, et sortirois par la porte Sainct-Germain-des-Prez pour aller passer à Poissy ou à Meulan (car ils tenoient le pays jusques-là}, et essayer de gagner Beauvais ou Abbeville, et passer au travers de la Picardie : comme je fis, sans jamais avoir pu trouver moyen de repaistre qu’en un village appelé Lihons, où je ne fus pas sitost descendu de cheval, qu’il fallut remonter à l’occasion de deux cens chevaux qui s’acheminoient à Sainct-Denys, estans les champs et les chemins tous pleins de diverses troupes qui alloient trouver les huguenots. Enfin je fis tant que je gagnay Peronne, où je trouvay les sieurs d’Humières et de Chaulnes, ausquels je dis mon voyage, et Sa Majesté leur escrivant aussi pour