Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/391

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coup d’honneur et de profit, et grande obligation du Roy et de la Reyne sa mere, de ses freres, et de tous les catholiques de la France ; et le pressay fort de me donner prompte response, comme j’en avois le commandement. Mais je n’en pus tirer aucune, sinon ambiguë, et qu’il me rendroit content. Et après avoir demeuré près de quatre heures avec luy, m’enquerant de diverses choses, il me fit tenir des chevaux prests à l’issue de son logis, avec grand nombre de seigneurs et capitaines espagnols et italiens pour m’accompagner, qui tous me conjurerent en particulier que je priasse le duc d’Alve de leur donner congé pour aller faire service au Roy mon maistre en cette occasion. Et tout le reste du jour, jusques au soir bien tard, infinis capitaines espagnols et autres (et le lendemain jusques après disner que j’allai trouver le duc), me firent semblables offres, avec beaucoup d’instance et de prières de luy en parler, et la pluspart me donnoient leurs noms par escrit. Je pensois avoir une response asseurée du duc à mes demandes, lesquelles requeroient diligence ; mais je l’en trouvai fort esloigné, me disant tousjours qu’il offroit luy-mesme d’y aller en personne avec toutes ses forces, qu’il mettroit ensemble dans sept semaines, terme que je ne pouvois accepter.

Je luy dis toutes les offres que les capitaines m’avoient faites, en quoy il monstroit d’estre fort satisfait, me parlant du naturel des Espagnols, qui estoient desireux d’aller chercher la guerre et les occasions de combattre ; asseurant que celle qui s’offroit d’aller servir le Roy luy seroit plus agreable que toutes autres. Que si, toutesfois, il donnoit congé à quelques--