Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/400

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teste en combat où il se fust trouvé ; et fit cognoistre en cette occasion aux Parisiens et à ceux qui l’avoient voulu calomnier d’avoir plus porté de faveur à l’Admiral, cardinal de Chastillon et d’Andelot, ses neveux, qu’au service du Roy et de la religion catholique, qu’il estoit à tort accusé. Et combien qu’il fust grand et illustre, pour estre monté à tous les degrez d’honneurs et de charges que pouvoit souhaiter un tel seigneur, si est-ce que le comble de sa félicite fut de mourir, âgé de soixante et dix-huit ans, en une bataille, pour sa religion et pour la deffence de son roy, devant la plus belle et florissante ville du monde, qui estoit comme son pays et sa maison, ayant eu, après sa mort, des funérailles très-honorables et presque royales.

Plusieurs, après la bataille, debattoient à qui estoit demeurée la victoire, ce qui estoit malaisé de juger en cette guerre civile, à cause que les victorieux perdoient autant ou plus que les vaincus, comme j’ay dit ci-devant. Et pour cette cause les Romains ne vouloient pas decerner des triomphes à ceux qui estoient victorieux durant leurs guerres civiles. Toutesfois, si l’on veut débattre la victoire entre ennemis, c’est chose certaine que celuy est victorieux qui chasse son ennemy et demeure ferme au champ de bataille, maistre de la campagne, des morts et des despouilles, comme fut l’armée du Roy, encore qu’elle eust fait plus grande perte de gens et de son second chef ; comme il advint à un roy de Perse qui défit Léonidas et quatre mille Lacedemoniens, lesquels en tuerent deux fois autant. Mais comme le but de l’armée du Roy estoit de mettre Sa Majesté et la ville de Paris en liberté, et chasser les huguenots de Sainct-Denys, aussi en ce point avoit--