Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/426

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intitulé : Discours des raisons et persuasions de la paix en l’an 1568. Cette production est remarquable, soit parce qu’elle peint très-bien l’état de la France à cette époque, soit parce qu’elle donne une idée fort juste des théories du chancelier. Nous en citerons les passages les plus curieux.

L’Hôpital remarque d’abord que les protestans sont parfaitement unis, tant par la conformité des sentimens et des principes, que par le danger qui les menace : « Au contraire, observe-t-il, le camp du Roy est divisé en querelles, envies et emulations : l’ambition y est debordée ; l’avarice y domine ; chascun y veut tenir rang ; la discipline corrompue et la licence demesurée ; les volontés mal unies, et les contentions fort différentes. La pluspart desirent la paix ; les autres ont leurs enfans, freres et parens de contraire bande ; autres y sont par acquit ; plusieurs à regret, plusieurs avec scrupule de conscience, craignans de nuire à l’advancement et progrès de leur religion ; autres y sont pour butiner ; bref il est composé de pieces rapportées ; plusieurs se sont jà debandés, et tous en general sont lassés et ennuyés du long traict de temps qu’ils ont esté inutilement en campagne ; dont, jusques au bas peuple, chascun murmure, entrant en mescontentement, soupçons et insinuations estranges, selon que les humeurs d’un chascun, et l’infidelité du temps en fournit la matiere ; joint que l’inquietude et l’impatience est naturelle à ceste nation, si elle n’est vivement reprimée par telles barres que nous avons veu retenir les autres. »

Les zélés catholiques prétendoient qu’il falloit en venir à une bataille décisive, et que, s’ils étoient vain-