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du costé de l’abbaye, endommageoit nostre cavalerie ; ce qui fut cause que chascun regardant la contenance de son compagnon pour prendre son advantage, le reste du jour se passa en escarmouches assez legeres entre les gens de pied.

Le lendemain, le duc des Deux-Ponts, qui n’avoit autre but que de tirer pays, se remit en campagne, et, s’estant avancé quelques jours sur nostre armée (qui, après cette journée, demeura derriere), prit le chemin de la ville de Beaune, devant laquelle il sejourna deux jours, attendant ses chariots et bagages ; de là fut à Treschasteau, où il passa la riviere avec aussi peu de peine qu’il avoit fait auparavant celle de Saverne, encore que l’armée des ducs de Nemours et d’Aumale fust campée à Sainct-Jean près de là, pour le passage du Pont-sur-Saosne, qu’il passa aussi sans contredit, la rivière estant gueable en plusieurs endroits : c’est ce qui fut cause que les gens de pied que le duc d’Aumale avoit envoyez pour garder, tant ce passage que celuy de Montreuil, l’abandonnèrent.

Mais, pour retourner au lieu où j’ay fait la disgression de Treschasteau, le duc des Deux-Ponts, ayant gagné le pays d’Auxerrois, ne pensa plus qu’à s’asseurer d’un passage sur la riviere de Loire : pour cet effet, ayant eu advis par Guerchi, qui estoit venu au devant de luy, du peu de gens de guerre qu’il y avoit dans La Charité, prit résolution de l’assieger, et aussi-tost envoya le marquis de Renel, Mouy, Hautricour, avec six cens chevaux et autant d’arquebusiers à cheval, pour l’investir ; lesquels, après avoir passé l’eau à Pouilly, gagnèrent bientost le faux-bourg du Pont, où ils se logerent. Peu après, le duc estant arrivé avec son armée,