Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/464

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çoient toutesfois pas celles qui s’estoient desbandées, et à qui il avoit esté contraint de donner congé, comme j’ay dit cy-dessus ; après avoir esté quelques jours à Limoges avec la Reyne sa mere, laquelle, accompagnée des cardinaux de Bourbon et de Lorraine, voulut voir l’armée en bataille, visiter toutes les bandes, et exhorter les capitaines et soldats de faire leur devoir, leur promettant qu’outre leur solde qu’ils recevroient bientost, Sa Majesté recognoistroit leur fidele service, fit dessein de s’approcher plus près des ennemis afin de les combattre, selon l’occasion et le lieu qui luy seroit plus favorable et avantageux : resolution toutesfois prise contre l’opinion du cardinal de Lorraine et autres chefs de l’armée, qui estoient d’advis qu’il falloit attendre que les troupes qui s’estoient allées rafraischir fussent venues, et toutes les forces du Roy ensemble, pour venir à un combat general, comme il s’est fait depuis.

Le duc neantmoins ayant suivi sa resolution première, son armée ne fut pas campée à La Rochelabeille, environ une lieue de Sainct-Yrier, que, bien que les avenues fussent assez difficiles, tant pour la situation du lieu que pour les retranchemens que le duc avoit fait faire, le lendemain matin l’armée huguenotte ne marchast en bataille, en sorte que le premier corps de garde, composé du régiment de Strossi, qui s’estoit avancé au-delà de la chaussée de l’estang, l’eut bientost sur les bras ; Piles, avec son regiment ayant commencé la charge, de prime abord fut repoussé si brusquement qu’il en demeura plus de cinquante des siens sur la place ; et les autres commençoient desjà à prendre party de se retirer, lorsque l’Admirai, qui menoit l’avant-garde, commanda à Moüy et Rouvré avec leurs