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entre la france et l’angleterre.


pièces ces troupes indisciplinées et dispersées pour le pillage ; non-seulement il fut impossible de les rallier, mais elles voulurent massacrer Robert, qu’elles accusoient de les avoir trahies, soupçon qu’inspirent tous les transfuges, et qui devient leur première punition.

Philippe, à la tête de l’armée française, marchoit au secours de Tournai ; il avoit passé le pont de Bovines, s’étoit campé à deux lieues de la ville, harceloit sans cesse les Anglais, qu’il tenoit en échec, attendant ainsi le moment favorable pour attaquer, et ne pouvant être forcé à recevoir la bataille. La ville, animée par sa présence, se défendoit avec vigueur ; le siège duroit depuis dix semaines et n’avançoit point ; la position d’Édouard devenoit inquiétante. Il essaya de piquer Philippe et de l’engager à une action décisive en lui envoyant un cartel ; il lui proposoit de décider de leurs droits à la couronne de France ou par un combat singulier, ou par un combat de cent contre cent, ou par un combat général entre les deux armées ; il l’appeloit, dans ses lettres, Philippe de Valois, sans lui donner le titre de Roi. Philippe ne fut point dupe de cet artifice ; il répondit qu’il n’acceptoit pas le cartel d’un vassal qui lui avoit rendu hommage ; que d’ailleurs les conditions proposées étoient trop inégales, puisqu’Édouard ne hasardoit que sa personne contre le royaume et le roi de France ; mais que s’il vouloit soumettre à l’événement du combat la couronne d’Angleterre contre celle de France, il ne s’y refuseroit point, quoique ce ne fût pas un juste équivalent. Ce moyen n’ayant pas réussi, Édouard ne pouvoit continuer le siège sans exposer son armée, ni le lever sans porter atteinte à sa réputation, ni forcer l’ennemi à