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précis des guerres


nière place. Ici, comme auprès de Tournai et de Cambrai, il se trouve resserré et harcelé par l’armée française ; les subsistances lui manquent : il ne peut ni forcer l’ennemi à la bataille, ni effectuer sa retraite. Il a, comme les années précédentes, recours aux négociations, et déploie toute la souplesse de son génie. Les légats du Pape essayoient de ménager, sinon une paix, du moins une trêve entre les deux couronnes. Édouard prête l’oreille à leurs propositions, et malgré la situation critique dans laquelle il s’étoit mis imprudemment, il est assez heureux, ou plutôt assez habile, pour obtenir des conditions très-honorables. On s’étonne, avec raison, que le duc de Normandie ait signé cette trève au moment où l’armée d’Édouard, épuisée par la famine, ne sembloit pas pouvoir lui échapper. On convint d’envoyer des députés à Avignon pour traiter de la paix, mais on ne put encore signer qu’une prolongation de trêve de trois ans. [1343.]

Édouard, toujours prêt à négocier lorsque les chances de la guerre lui étoient contraires, ne cherchoit qu’un prétexte pour reprendre les armes. Parmi les seigneurs bretons qui avoient embrassé ouvertement le parti de Charles de Blois, quelques-uns avoient pris des engagemens secrets avec l’Angleterre. Ces manœuvres furent découvertes ; Philippe fit arrêter les coupables qui eurent la tête tranchée sans jugement préalable. La colère qu’Édouard manifesta, quand il apprit cette nouvelle, semble prouver leur crime ; il prétendit que les Bretons mis à mort par ordre de Philippe étoient partisans de la maison de Montfort, par conséquent sous la protection de l’An-