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précis des guerres


cette armée, sans autre commandement que celui de soixante hommes d’armes, seule troupe qu’il fut en état d’entretenir.

Charles V, informé à l’avance de ce débarquement, avoit fait retirer les habitans des campagnes dans des lieux fortifiés, avec tout ce qu’ils pouvoient avoir de précieux. L’ennemi traversa le Boulonnois, l’Artois, la Picardie, la Champagne, l’Auvergne et le Limousin, sans rencontrer d’obstacles, mais attaqué sans cesse par des petits corps de troupes légères, qui l’empêchoient de faire des vivres et des fourrages, qui enlevoient les traînards et tout ce qui s’écartoit du gros de l’armée, il éprouva plus de pertes que par la bataille la plus meurtrière. Le duc de Lancastre étoit parti de Calais avec trente mille hommes, il n’en avoit pas six mille quand il arriva près de Bordeaux ; et, grâces aux sages précautions du Roi, les campagnes n’avoient presque éprouvé aucun dommage dans le cours de cette singulière expédition, pendant laquelle le duc d’Anjou achevoit la conquête de la Guyenne.

Depuis long-temps le pape Grégoire XI faisoit de vains efforts pour ménager un accommodement entre les deux monarques. Ils consentirent enfin à entrer en négociation ; il y eut d’abord suspension d’armes, mais il fut impossible de s’accorder sur les conditions d’une paix définitive. On convint seulement qu’il y auroit trêve depuis le mois de juin 1373 jusqu’aux fêtes de Pâques de l’année suivante, et la trêve fut successivement prolongée jusqu’au mois d’avril 1377. Pendant ces trêves, l’Angleterre perdit le prince de Galles ; après de longues souffrances, il succomba à