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SUR DU GUESCLIN.

dont ils avoient étançonné cette tour, qu’ils tenoient ainsi suspenduë.

Les flammes venant à brûler les pièces de bois qui servoient d’appuy aux murailles, en firent tomber un grand pan. Cette chûte alarma si fort les assiegez, qui s’apperçurent bien que le reste alloit croûler, qu’ils demandèrent quartier : crians aux creneaux qu’ils se rendoient à la discretion de Bertrand, s’offrans de payer rançon pour leur personnes, et ne demandans qu’à sortir au plutôt de ce même lieu, dans lequel ils se croyoient auparavant si fort en sûreté. Bertrand les envoya tous prisonniers à Paris avec leur gouverneur, fit achever la demolition de la tour, et raser les murailles de la ville, se contentant de s’assurer du pont, et d’y laisser une fort bonne garnison. Les milices de Roüen furent renvoyées en leur païs, chargées de dépouilles. Bertrand et le comte d’Auxerre prirent le chemin de Paris, pour rendre compte au Dauphin de la dernière expédition qu’ils venoient de faire.

Ce prince les combla tous deux de bienfaits, et les conjura de se réserver pour la première campagne, où la couronne auroit encore besoin de leur service. Ils prirent tous deux congé de ce Duc, après l’avoir assuré qu’ils n’épargneroient point leur sang, ny leur vie, pour luy conserver le sceptre que ses ennemis vouloient arracher de ses mains. Bertrand alla se délasser pour quelque temps de toutes ses fatigues en son château de Pontorson, jusqu’à ce que le retour du printemps luy donnât lieu de reprendre les armes en faveur du Dauphin, qui monta sur le trône bientôt après ; car le roi Jean, son pere, ayant été deli-