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SUR DU GUESCLIN.

François, et les faisoient revenir à la charge avec plus de furie. Toute cette grande action ne se passa point sans qu’il y eût aussi du côté de Bertrand quelques personnes distinguées qui perdirent la vie : le vicomte de Beaumont, et le grand maître des arbalêtriers furent de ceux là. Ce dernier fut tué de la propre main du baron de Mareüil, qui n’eut pas le loisir de se réjoüir de cet avantage ; car le comte d’Auxerre et le Vert Chevalier luy firent payer sur le champ cette mort aux dépens de sa propre vie, s’étant acharnez avec tant de rage et d’opiniâtreté sur luy, qu’ils ne le laisserent point qu’après luy avoir donné le coup de la mort. Le même sort tomba sur Jean Joüel, qui, s’étant trop avant engagé dans la mêlée, n’en put sortir qu’après avoir reçu beaucoup de blessures qui luy furent mortelles peu de temps après. Il arrive souvent dans les combats des avantures si bizarres, ausquelles on ne s’attendoit pas, qu’elles font souvent toute la decision de la journée : celle de Cocherel en est un exemple ; car comme on étoit aux mains, deux coureurs vinrent à toute jambe avertir les Français qu’ils combatissent toujours sans relâche, parce qu’il leur venoit un fort grand renfort qui les alloit rendre victorieux, et cependant les deux hommes s’étoient mépris, car ce secours étoit pour les Anglois.

Cette esperance dont se flattèrent les François, leur fit redoubler leurs coups avec plus de vigueur, se jettans comme des lions au milieu des rangs de leurs ennemis, et ne doutant plus que la victoire n’allât se déclarer en leur faveur. Cette seule opinion leur donna tant de cœur et tant de succès, qu’ils firent une grande boucherie des Anglois, et tuèrent, entr’autres, Robert du Sart, chevalier, l’un des plus braves du party con-