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ANCIENS MÉMOIRES

de luy faire offre de luy rendre la place, si dans la Saint Michel il ne leur venoit pas de secours : à la charge que jusqu’à ce temps il leur feroit fournir des vivres en payant, et que de leur côté, pour sûreté de leur parole, ils luy doneroient des ôtages. Tous les assiegez donnerent dans le sens de ce chevalier, et le gouverneur fit signe aux Anglois que quelqu’un vint parler à luy. Robert Knole se présenta devant la barriere pour sçavoir ce qu’il avoit à dire. Il luy proposa toutes les conditions que ce chevalier avoit suggérées. Elles parurent fort raisonable à Knole, qui luy répondit que bien qu’il sçût que Charles de Blois se disposoit à les secourir, cependant il feroit de son mieux auprès du comte de Monfort pour les luy faire accepter, et que les assiegez meritoient bien qu’on les considérât : en effet, Knole fit si bien, qu’on reçut leurs ôtages et qu’on leur donna des vivres.

Cependant Charles de Blois qui n’avoit point de temps à perdre, parce que la place qu’il vouloit secourir étoit à la crise, partit en diligence avec tout son monde de Lonvaulx l’Abbaye. La reveüe qu’il en fit montoit à plus de trois mille hommes d’armes, gens fort lestes et fort determinez. Cette petite armée fit une marche si longue, qu’elle vit dans peu le château d’Aüray. Quand les assiegez apperçurent du donjon les enseignes de Charles, et ce corps de troupes qui faisoit un mouvement vers eux, ils arborerent aussi leurs étendards sur le haut de la tour, et pour témoigner la joye qui les transportoit, ils firent joüer tous leurs violons sur le même endroit, avec tant de bruit et tant de fracas, que les assiegeans l’entendirent, et tournans leurs yeux de ce côté là, virent les drapeaux et les