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SUR DU GUESCLIN.

laume Boitel, du Vert Chevalier, d’Eustache de la Houssaye et de Guillaume de Launoy. Ce fut là que secondé de tous ces braves, ilfaisoit un carnage horrible de tout ce qui se présentoit sous sa main. De l’autre côté, Robert Knole et Jean de Chandos qui tenoient pour Monfort, payerent aussi tres bien de leurs personnes. Le comte d’Auxerre faisoit aussi des merveilles en faveur de Charles : mais il arriva par malheur qu’un chevalier anglois luy passant son épée tout au travers de la visière luy perça l’œil gauche ; et comme se voyant hors de combat il se mettoit en devoir de se retirer, il fut saisy par un autre qui l’arréta tout court, et qui le reconnoissant luy cria de se rendre aussitôt, ou qu’il étoit mort. Le comte, que le sang qui sortoit de sa blessûre avec abondance mettoit tout à fait hors d’œuvre, jusques là même que les gouttes dont son œil étoit tout remply ne luy permettoient pas de voir celuy qui luy parloit, prit le party de luy rendre son épée plûtôt que de commettre indiscrettement sa vie à la fureur d’un brutal qui ne l’auroit pas marchandé.

La prise d’un si grand capitaine consterna fort Charles de Blois, qui la regarda comme un triste preliminaire de cette journée. Cependant Bertrand que rien n’étoit capable d’ébranler, marcha droit contre Clisson pour effacer par un nouveau combat la disgrace qui venoit d’arriver au comte d’Auxerre. Charles de Dinan s’attacha personnellement à Robert Knole. Olivier de Mauny charpentoit par tout avec sa hache, dont il faisoit voler têtes, bras et jambes, et donnoit beaucoup de courage à ceux qui le suivoient en criant Mauny ! La bravoure de ce capitaine