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SUR DU GUESCLIN.

que celles qu’on leur faisoit espérer en Espagne, où l’on ne pouvoit aller sans essuyer des fatigues incroyables et sans franchir des montagnes fort escarpées et des détroits fort rudes. Cependant il fallut ceder au torrent, et donner avec les autres leur parole à Bertrand, qui prit congé d’eux en leur promettant de leur donner de ses nouvelles au premier jour, et qu’il alloit faire part au Roy, son maître, de la resolution qu’ils avoient prise de le servir fidellement, et qu’il leur manderoit quand il seroit temps de le venir trouver. Il les pria de croire que ce prince leur feroit tout l’accueil et toutes les honnetetez imaginables, et qu’ils auroient tous les sujets de se loüer de sa conduite à leur égard. Ils luy répondirent qu’ils n’en doutoient aucunement et qu’ils avoient plus de confiance en luy seul qu’en tous les prelats de France et d’Avignon.

Bertrand les voyant en si belle humeur leur representa que pour faire les choses de fort bonne grâce auprés de Sa Majesté, qu’ils devoient voir au premier jour, il leur conseilloit de luy rendre auparavant tous les châteaux et tous les forts dont ils s’étoient emparez durant les derniers troubles. Ils l’assûrerent qu’il devoit compter là dessus, et que ce ne seroit pas une affaire pour eux de rendre des places qu’ils n’avoient pas envie de garder, puis qu’ils alloient quiter la France pour jamais.

Guesclin s’en retourna le plus content du monde, et vint à toute jambe à Paris pour assûrer le Roy qu’il alloit delivrer son royaume de tous les bandits et de tous les scélérats qui l’avoient desolé jusqu’alors par leurs pilleries, et que s’il plaisoit à Sa Majesté que