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ANCIENS MÉMOIRES

leurs generaux la vinssent trouver à sa cour, ils étoient disposez à s’y rendre pour luy confirmer en personne la resolution qu’ils avoient prise de passer en Espagne, pour la venger de la cruauté que Pierre avoit exercée contre la reine Blanche, sa belle sœur. Le Roy luy donna l’ordre de les appeller, mais à condition que ce seroit à petit bruit et sans éclat qu’ils se rendroient auprés de luy,

Bertrand leur fit aussitôt sçavoir les intentions de son maître, qu’ils executerent ponctuellement, mettans pied à terre au Temple, à Paris, où le roy Charles avoit étably sa demeure. Ce prince leur fit mille caresses, les regala de son mieux et leur fit de fort riches presens pour les engager davantage dans ses intérêts. Les principaux seigneurs de la cour ne se contenterent pas de faire connoissance avec eux, ils voulurent encore lier une amitié tres-étroite avec ces generaux, avec lesquels ils avoient à vivre plus d’un jour. Le comte de la Marche, le Besque de Vilaines, le mareschal d’Andreghem, Olivier de Mauny, Guillaume Boitel et Guillaume de Launoy s’approcherent d’eux, et leur declarerent qu’ils seroient bien aises de partager avec eux les perils de la guerre qu’ils alloient entreprendre. Ces chefs furent ravis d’apprendre leur resolution, les assûrans qu’une si noble et si genereuse compagnie leur donneroit encore plus de chaleur à bien combattre. Bertrand les assembla tous à Chalons sur Saone, et les fit marcher du côté d’Avignon. Quand toute la France vit leurs talons elle commença de respirer, s’estimant bienheureuse de se voir delivrée de ces fâcheux hôtes, qui l’avoient presque mise à deux doigts de sa perte et de sa ruine. Elle donna