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ANCIENS MÉMOIRES


CHAPITRE XVII.


De la prise que Bertrand fit de Maguelon et d’autres fortes villes d’Espagne en faveur d’Henry contre Pierre.


Aussitôt que ce prince eut fait le rapport à Bertrand de la maniere insolente et fiere avec laquelle le gouverneur avoit reçu l’honnête proposition qu’il luy avoit faite de luy rendre la place, on prit la resolution d’insulter cette ville et de la prendre d’assaut. Guesclin fit préparer les arbalêtriers et tous les gens de trait pour cette chaude expédition. Les fossez furent remplis de fascines, et l’on en jelta tant, que bientôt elles égalerent la hauteur des murs, et quoyque les assiegez fissent les derniers efforts pour empêcher le travail des soldats qui tâchoient de combler ces fossez, en lançant sur eux des pots pleins de chaux vive, cependant toute cette resistance ne fut point capable d’intimider les assiegeans, qui pousserent leur ouvrage jusqu’au bout avec une généreuse opiniâtreté. Quand ils se virent à la hauteur des murs, ils tirerent sur la ville tant de traits d’arbalêtes et de flèches, que ceux de Maguelon n’osoient se montrer ny mettre la tête dehors ; et, tandis qu’ils faisoient une si grande exécution sur les assiegez, Guillaume Boitel fit d’un autre côté percer le mur à force de pics et d’autres instrumens, dont il s’ouvrit l’entrée de la ville, qui fut mise au pillage, après que le soldat victorieux eut