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ANCIENS MÉMOIRES

qu’il auroit après beaucoup de peine à reconquerir. Le Roy tâcha de luy faire croire qu’il n’avoit point de passion plus violente que celle de revenir au plûtôt à Burgos, et le conjura de ne se point alarmer de ce prompt départ qui ne seroit pas inutile à ses habitans, puis qu’il esperoit les venir revoir avec un grand renfort pour les secourir en cas de besoin.

Ce riche bourgeois, le plus distingué de toute la ville, ne voulant pas être la duppe de Pierre, se mit en tête de rendre les clefs de Burgos entre les mains d’Henry, si ce prince entreprenoit d’y mettre le siege, pour aller au devant du meurtre et du pillage, qui sont inseparables des villes que l’on prend de force et d’assaut. Pierre pensant avoir mis un fort bon ordre à ses affaires, et comptant sur la fidelité de ceux de Burgos ne songea plus qu’à se mettre en chemin pour se rendre à Tolede, accompagné du comte de Castres et de ces quatre juifs ses plus particuliers confidens. Il fut reçu dans cette grande ville avec des acclamations extraordinaires. On y regala magnifiquement ce prince pour luy témoigner combien on étoit sensible à l’honneur qu’il faisoit à ceux de Tolede de vouloir établir son séjour chez eux. Pierre n’eut pas plûtôt quité Burgos, qu’un espion sortit de cette ville pour en venir donner la nouvelle à Henry, luy disant qu’il avoit pris la route de Tolede où l’on estimoit qu’il avoit dessein de s’enfermer. Bertrand qui se trouva present au rapport que fit cet espion, fut d’avis qu’on allât se saisir de Burgos, promettant à Henry de l’y faire couronner roi d’Espagne.

Tout le monde applaudissant à ce conseil, chacun se mit aussitôt en devoir de partir, dans la resolution