Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
SUR DU GUESCLIN.

de ce qu’il leur donnoit un si genereux prince. Les ecclesiastiques étoient precedez des plus notables bourgeois, dont il y en avoit huit qui portoient au bout de leurs lances les clefs de la ville, à raison de huit portes dont elle étoit ouverte et fermée. Les dames parurent aux fenêtres et sur les balcons fort superbement parées, pour donner plus d’éclat et de lustre à l’entrée de ce nouveau Roy, quelles souhaitoient fort de voir, ayant déjà par avance une favorable prevention pour luy. Les bourgeois allerent au devant de luy plus de quatre lieües.

Quand Henry les apperçut venir, l’excés de la joye qu’il en eut luy fit verser des larmes. Il les remercia de l’honneur qu’ils luy faisoient, et leur promit qu’il leur donneroit tous les sujets du monde de se loüer de luy. Quand il vit approcher l’archevêque, il mit pied à terre avec Bertrand et plus de cinquante des principaux officiers de l’armée, pour recevoir sa benediction. Ce vénérable prelat luy fît sa harangue au nom de tous les bourgeois de la ville qui l’environnoient, le traita de roy, luy presentant les soumissions, les hommages et l’obeïssance d’un million de peuples qui le vouloient reconnoître pour leur souverain, s’il avoit la bonté de leur vouloir promettre qu’il ne toucheroit point aux usages, coutumes et privileges établis par ses predecesseurs rois. Il leur répondit avec toutes les honnêtetez imaginables, et donna les mains à tout ce qu’ils voulurent de fort bonne grace.

Ce prince continüant sa marche avec Bertrand et tous les seigneurs de sa cour et de son armée, au bruit des acclamations de ceux qui s’étoient rendus auprés de sa personne pour le feliciter sur son arrivée dans