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précis des guerres


enlever leurs bœufs, leurs charrues et leurs instrumens d’agriculture. Il rétablit l’ordre dans les monnoies, et leur rendit la valeur qu’elles avoient du temps de saint Louis ; il ordonna les poursuites les plus rigoureuses contre les officiers qui exerçoient des exactions sur les peuples ; il favorisa les lettres, augmenta les priviléges de l’Université, à laquelle, dit-il, dans son ordonnance, la foi doit sa conservation ; la société, la politesse de ses mœurs ; et le monde entier, ses lumières et ses connoissances. Par cette ordonnance, il accordoit à tous ceux qui tenoient au corps de l’Université, le droit d’envoyer des messagers et de faire librement transporter leurs effets dans tout le royaume : origine du privilège des messageries, dont l’Université a joui jusqu’à la minorité de Louis XV.

Louis ne laissoit point d’enfans mâles ; il avoit eu de son premier mariage avec Marguerite, sœur d’Eudes IV, duc de Bourgogne, une fille, nommée Jeanne ; et sa deuxième femme, Clémence de Hongrie, étoit enceinte quand il mourut. Ici commencent les premières discussions sur la loi salique, discussions qui, par la suite, furent le prétexte de guerres si funestes à la France. Cette loi salique, dont l’origine remonte à l’établissement des Francs dans les Gaules, réservoit aux seuls mâles la possession des fiefs saliques[1]. Les rois avoient accordé des dispenses pour les fiefs particuliers ; mais la loi avoit été religieusement conservée pour la Couronne, qui étoit le premier des fiefs dans le régime féodal. Sous la première et sous la deuxième race, les femmes avoient

  1. De terrâ verò salicâ nulla portio hæreditatis mulieri venat ; sed ad vilirem sexum tota terræ hæreditas pervenit.